
Mise en scène: Lucia Placidi,
Jeu: Erika Von Rosen, En cours de distribution
Scénographie: Célia Zanghi Création
Lumières et régie Loïc Rivoalan
Production: Compagnie Ligne 46
Soutien: Loterie Romande, Commune de Plan les Ouates, Fondation Jan Michalski, soutien à l’écriture de la Société Suisse des Auteurs
Ce projet a commencé par une rencontre, un voyage à travers un autre texte, un autre rêve ;
comme dans toutes les histoires de la vie, il y a le hasard qui est plutôt « une énergie » qui
véhicule nos vies, nos destins. C’est comme ça que nous nous sommes rencontrées Erika et
moi. Dans ce concours de circonstances, il y a eu une autre rencontre celle de Lady Macbeth;
ce nom aux résonances monstrueuses et obscures a fait écho en nous en même temps. Nous
avons pris cela comme un signe du destin, une force qui nous a tout de suite ancré dans la
même direction, vers le même but : donner naissance à Lady Macbeth.
Il y a des personnages de théâtre qui touchent à l’infini, qui nous laissent perplexe car leur
complexité nous dépasse, nous interpelle ou nous questionne. C’est le cas du personnage de
Lady Macbeth de Shakespeare dont se sont emparés des écrivains et réalisateurs de cinéma
comme Nicolaï̈ Leskov, Wajda Andrzej, Valeri Todorovski, Kurusawa ou encore Orson
Welles et d’autres encore... Aucune limite, aucune frontière...
Parmi les caractères féminins dépeints par Shakespeare, Lady Macbeth est sans doute la plus
énigmatique et ambiguë ; elle renferme en elle de multiples personnalités qui rendent ce
personnage très proche de notre époque ouvrant des éléments nouveaux sur la question de la
femme dans notre société moderne, de ses rôles multiples et de sa quête de sa véritable
identité.
Lady Macbeth est un personnage emblématique d’une personnalité narcissique, prête à tout
pour posséder, argent, amour, pouvoir-, jusqu’à provoquer la mort. Qui est cette femme
aujourd’hui ? Quel pourrait être son vécu ? Quel est son passé ? Qui ou qu’est-ce qui a
provoqué ce vide narcissique en elle ? Comment la, les démasquer ? Qui sont-elles vraiment ?
Lucia Placidi

L’écriture : Note d’intentions
Écrire Aime Lady M. c’est pour moi répondre à l’invitation de Lucia Placidi, une metteuse
en scène originale, d’une compagnie de théâtre qui prend le pari de l’écriture
contemporaine et s’autorise le temps de la recherche.
Écrire Aime Lady M. c’est saisir l’opportunité d’une écriture originale d’une pièce d’un
genre particulier.
Aime Lady M. se veut comme l’invitation à un voyage en compagnie de M., un
personnage inquiétant, fragile et surprenant. Un voyage sous forme d’enquête à la
recherche des origines de cette femme, ses racines les plus intimes afin de dessiner le
portrait d’une personne malmenée par la vie ou bâtie sur une autre notion du bien et du
mal.
Aime Lady M. est fondée sur le sujet des femmes criminelles. Cette pièce de théâtre
puisera sa matière dans une somme d’enquêtes, d’interviews et d’ouvrages scientifique
et de fictions. Des figures telles Lady Macbeth, Violette Nozière ou encore les sœurs
Papin se profilent rapidement mais nous essayeront d’approfondir encore le sujet et de
différentes manières. Ainsi, grâce aux apports des musiques savantes et populaires,
une iconographie et une littérature protéiforme, de Shakespeare à Leskov, de
Warlikowski à Orson Wells en passant par M. Foucault, Delacroix, Piranese et M.C.
Escher nous essayerons de créer une écriture, des personnages envoûtants, troublants
qui saurons-nous faire frissonner et rire.
Loin de nous toute tentative psychanalytique de trouver les conditions déterminantes
d’un destin hors norme. Nous pointerons plutôt vers une tentative pudique et poétique
de tracer le portrait d’une femme passionnée par la vie, avide de vies, désirante et
vivante. De la suivre dans les méandres de son existence mouvementée.
Située dans l’univers carcérale (une cellule, la buanderie, la salle d’interrogatoire et le préau)
Aime Lady M. offre des possibilités d’écriture intéressantes.
Ainsi dans une cellule de prison la vérité et le mensonge prennent des valeurs
différentes. Chacun peut s’inventer un passé. Le choix de nommer les personnages que
par une seule lettre révèle le niveau d’anonymat que nous souhaitons installer au début
de la pièce. Cet anonymat qui permet tous les jeux de fictions et d’autofiction.
Aime Lady M. sera aussi traversé par un humour coriace et forcément vivifiant. Les
personnages l’exigent. Le processus d’écriture, entretenu par un dialogue soutenu
avec Lucia Placidi, metteuse en scène avec qui j’ai déjà collaboré (L’Affaire Orlando –
librement inspiré d’Orlando de V. Woolf) et les comédiennes er comédiens densifieront
les propos.
La prison fournit une multitudes de situations dramaturgiques : qui détient qui ? Qui
surveille qui ? Qu’est-ce que le monde extérieur ? Qu’est-ce que le monde carcéral ? Le
monde carcéral féminin ?
Domenico Carli

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